Paul Creevey, fms

Jésus déclarait aux foules : « À qui vais-je comparer cette génération ?  Elle ressemble à des gamins assis sur les places, qui en interpellent d’autres en disant : « Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé.  Nous avons chanté des lamentations, et vous ne vous êtes pas frappé la poitrine. »

Jean est venu, en effet ; il ne mange pas, il ne boit pas, et l’on dit : « C’est un possédé ! »

Le Fils de l’homme est venu ; il mange et il boit, et l’on dit : « Voilà un glouton et un ivrogne, un ami des publicains et des pécheurs. »  Mais la sagesse de Dieu a été reconnue juste à travers ce qu’elle fait. »

(Matthieu 11, 16-19 – Traduction AELF)

Jésus reproche l’incohérence et l’inconstance des gens de son époque.  Il dit qu’ils sont comme des enfants – rien ne leur plaît.  Il parle ici des « jeux » ou des « activités » des enfants.  La musique instrumentale ou le pipeau et la danse étaient de mise pendant les mariages et les fêtes comme un signe de joie.  C’est également ce qui ressort clairement d’Ésaïe 5, 11-12, de Job 21, 11, de 2 Sam 6, 14, de Juges 11, 34 et de Luc 15, 25.  Les enfants imitent souvent leurs parents et d’autres personnes.  Ils mettent en scène dans le jeu ce qu’ils voient faire par les autres.  Parmi leurs activités enfantines, il y avait donc probablement l’imitation d’un mariage ou d’une fête.  Nous savons également que les funérailles étaient souvent accompagnées de musique de deuil, de lamentations et de cris (voir Mt 9, 23).  Il n’est pas improbable que les enfants, dans le jeu aussi, imitaient un cortège funèbre lugubre.  Un groupe est représenté comme maussade et insatisfait.  Il ne veut pas entrer dans le jeu : rien ne plaît à ces enfants.  Les autres s’en plaignent.  Nous faisons tout, disent-ils, pour vous plaire.  Nous vous avons joué du pipeau, nous avons joué des airs entraînants, nous avons organisé des activités égayantes, mais vous n’avez pas voulu vous joindre à nous.  Et puis nous avons joué des jeux différents, nous avons imité le deuil aux funérailles, et vous êtes tout aussi maussades ; « vous ne vous êtes pas lamentés », vous n’avez pas plaisanté avec nous.  Rien ne vous plaît.  Ainsi, dit Jésus, cette génération est-elle semblable à des enfants.  « Jean » est venu à sa façon, « ne mangeant ni ne buvant », s’abstenant comme un Nazaréen, et vous n’avez pas été contents de lui.  Moi, le Fils de l’homme, je suis venu d’une manière différente, « mangeant et buvant », ne pratiquant aucune austérité, mais vivant comme les autres, et vous êtes tout aussi insatisfaits – voire, encore moins contents.  Vous l’avez châtié et vous me maltraitez parce que je ne fais pas ce qui vous a déplu en Jean.  Rien ne vous plaît.  Vous êtes volages, changeants, inconstants et grossiers.

C’est un rappel de ce que les gens s’attaquent à la faiblesse des autres.  De cette façon, ils les maintiennent à distance.  Dieu a toujours voulu combler son peuple de faveurs et de dons.  Cependant, lorsque l’offre était faite, souvent par la bouche des prophètes, les gens ont tourné le dos.  Même dans l’Évangile avant Jésus, les gens ont refusé le message de Jean-Baptiste.

Ce qui a toujours été offert par Dieu, c’est une vie pleinement vécue.  Cependant, les gens sont souvent aveuglés par leur propre vision, leur propre certitude, leurs propres idées de Dieu et leurs propres idoles.  Cette histoire nous rappelle donc que nous devons faire une distinction très nette entre la vision centrale du Royaume que Jésus nous a laissée et la façon dont cette vision a été vécue à travers les siècles et à notre époque.  C’est saint Paul qui nous rappelle que, en tant que chrétiens, nous portons le message de l’Évangile dans des vases d’argile, facilement cassables, qui suintent souvent.  Il est important pour nous de réaliser que Dieu travaille avec la matière qu’il a créée.  En tant que tel, Dieu peut nous parler, et il le fait, à travers des personnes et des situations très inattendues. 

À l’approche de Noël, nous rencontrons la réalité d’une manière totalement déconcertante dont Dieu nous montre le chemin pour atteindre la vraie sagesse.  Comme nous le rappelle l’évangéliste Jean : « Dieu, personne ne l’a vu Dieu.  C’est Dieu le Fils unique, qui est proche du cœur du Père, qui l’a fait connaître ». (Jn 1, 18)  En cet Avent, ouvrons nos cœurs et nos esprits à la puissance inattendue du mystère de l’Incarnation.  Ceci nous aidera à éclairer le chemin qui nous permettra de vivre une vie pleine de grâce et de vérité.

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